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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/621

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doit se maintenir a priori : elle veut être tenue pour absolument nécessaire, et bien plus encore pour une détermination de toutes les connaissances pures a priori, laquelle doit être le critérium et par conséquent le modèle même de toute certitude apodictique (philosophique). » Ce rôle pourrait être expliqué entièrement au profit de la conception (d’ailleurs tout à fait inadmissible) de Kuno Fischer (voir plus haut la note 22), s’il ne résultait de la même préface que Kant, en parlant ainsi, avait simplement en vue la déduction générale de catégories, comme présupposition de toute expérience (p. 92 et 93 de 1re édition) et que, d’autre part, il était sous l’influence du préjugé suivant lequel : « la logique vulgaire » prouve déjà que tous les actes simples peuvent être énumérés entièrement et systématiquement de sorte que ce que l’on croit être la certitude, ici, dans la découverte de la table complète des catégories, n’est pas la certitude résultant a priori d’une déduction de principes, mais la certitude d’un coup d’œil embrassant tous les détails de prétendues données. — En outre le passage accentué des Prolégomènes (1783), p. 195 et suiv. où Kant repousse énergiquement « fantasmagorie » de la vraisemblance et de la conjecture et ajoute : « Tout ce qui doit être reconnu a priori est par cela même donné pour apodictiquement certain et doit par conséquent être démontré semblablement », ce passage n’affirme pas encore que même l’existence d’une pareille connaissance doive être déduite a priori d’un principe. C’est plutôt le contenu de ces connaissances qui est certain a priori ; mais d’après Kant, leur existence est déduite d’un fait perçu intérieurement au moyen de conclusions sûres, en vertu de la loi de contradiction. — Au reste nous devons faire remarquer ici expressément que cette explication n’est qu’empruntée à la méthode réelle de Kant et que nous n’avons en effet rien qui nous prouve indubitablement que Kant eût une idée parfaitement claire des principes méthodiques de sa grande entreprise. Il est même assez vraisemblable que Kant, sur ce point, n’avait pas encore suffisamment triomphé des idées émises dans sa dissertation : Sur l’évidence dans les sciences métaphysiques (1763), idées qui ne concordaient plus du tout avec le point de vue de la Critique la raison pure. Si donc, sur ce point aussi, pour des raisons décisives, nous avons modifié l’idée exprimée dans la première édition de l’Histoire du Matérialisme relativement à la méthode de Kant, nous ne pouvons cependant nous empêcher de faire observer que des passages, semblables à ceux qui ont été cités plus haut et beaucoup d’autres du même genre, durent tomber avec un grand poids sur le plateau opposé de la balance.

25 [page 36]. Le terme « organisation physicopsychique » n’est peut-être pas heureusement choisi, mais il tend à exprimer la pensée que