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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/641

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temps pour l’historien, le philologue, le jurisconsulte, etc., « une conception une et richement façonnée des mouvements de l’âme humaine », qui s’appuie, à son tour, sur « une certaine chaleur de sentiments et sur l’intérêt que présente l’observation des états de l’âme chez autrui ». Ce sont précisément les moyens de concevoir avec plus de délicatesse et de promptitude, et de mieux analyser les signes soumis à l’observation extérieure, tels que les paroles, les écrits, les gestes, les vestiges et les monuments de toute espèce. Le génie imagine par Laplace n’a besoin, sous ce rapport, d’aucune intelligence supérieure ; l’intelligence moyenne des hommes lui suffit pour posséder l’intuition la plus parfaite de toutes les sciences de l’esprit, autant du moins que ses sentiments lui permettent de les suivre ; car sa connaissance des faits extérieurs lui fournit les moyens de contrôler et de corriger les règles de l’interprétation des signes et, comme en même temps il comprend toutes les langues (car sa formule de l’univers renferme les détails de la naissance et de la transformation de tous les sons qui ont une signification), il sait aussi comment l’entendement humain, depuis le mieux doué jusqu’au plus borné, explique les signes des choses intellectuelles, mais assurément il ne pourrait devenir un poète, malgré l’infinité de ses connaissances, s’il n’était naturellement doué du talent poétique.

5 [page 166]. Lorsque Kirchmann, Czolbe, Spiller, etc., exigent que les qualités regardées, depuis Locke, et même au fond, depuis Démocrite, comme « secondaires » et simplement subjectives, doivent avoir une réalité objective, leur demande d’abord est fondée sur une théorie insuffisante de la connaissance, et il n’y a rien à changer à cela, savoir que « rouge », « saveur acide » « son des cloches », etc., constituent des phénomènes dans le sujet. Toutefois lorsque la physique ne me montre aussi dans le cerveau que des mouvements d’atomes pour les phénomènes correspondants, tandis que pourtant les sensations existent indubitablement (ont une réalité empirique), je puis très-bien conjecturer que, dans la corde vibrante aussi, il se trouve encore autre chose, qui, à vrai dire, n’est pas adéquat à ma représentation des objets sonores ou colorés, mais cependant a beaucoup plus d’analogie avec ces objets que l’atome ondulant.

6 [page 167]. Spitter( Phil.), Das Naturkennen nach seinen angeblichen und wirklichen Grenzen. Berlin, 1873. Cet écrit, opposé à Du Bois-Reymond, est pareillement riche en malentendus de l’espèce indiquée dans le texte.

7 [page 170]. Zöllner, Ueber die Natur der Kometen. Beiträge zur Geschichte und Theorie der Erkenntnis. zweite Auflage, Leipzig, 1872, p. 320 et suiv.