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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/678

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teurs, et que même on devrait, si c’était possible, les accompagner d’un commentaire, et cela pour des cercles de lecteurs, que l’on croirait plus intelligents. Ainsi le professeur R. Seydel, dans une conférence[1] a soumis l’exemple donné par nous à une critique détaillée, et de plus, avec une étonnante naïveté, il a qualifié de « bévue » (!) flagrante précisément le point capital, qui seul nous avait déterminé à donner un exemple. Seydel dit (p. 17) :

« Ici, sur un point seulement, Lange a commis une bévue, que nous ne pouvons attribuer à la conception mécanique comme telle. On comprend très-bien que la dépêche, comme objet physique, c’est-à-dire le papier, le plomb et les ondulations lumineuses, ne pouvait pas être admise dans cette série causale ! Il est évident que ce qui a fait bondir le négociant, c’est uniquement la teneur de la dépêche, c’est-à-dire non les lettres alphabétiques, mais le sens qui résultait de ces lettres. Autant cela se conçoit de soi-même, etc. »

Ici vraiment je ne puis m’empêcher d’exprimer le vœu qu’enfin, même chez les « philosophes », on veuille bien s’habituer à apprendre régulièrement une chose avant de se mêler d’en parler. Quiconque a la notion même la plus superficielle de la logique d’une série causale, en physique, à plus forte raison de la loi de la conservation de la force, doit savoir qu’assurément ici « le papier, le plomb et les ondulations lumineuses » font partie de la série causale, et quiconque suivra attentivement l’ensemble de mon développement, verra nécessairement que je n’ai admis l’exemple que pour cette apparence paradoxale. Je voulais par là forcer le lecteur attentif de se faire une idée claire de la conception mécanique de l’univers dans toute sa logique, et cette contrainte doit réussir chez tous ceux qui sont assez versés en physique pour savoir que « contenu et « signification » ne sont pas des forces qui passent de la dépêche en moi, mais qu’elles naissent seulement en moi. Il n’entre en moi que ces ondulations lumineuses, et maintenant on peut se borner à se demander si l’on veut déduire ou non les conséquences de la conception mécanique du monde. Il faut savoir si l’on affirme ou si l’on nie la question que Hermann[2] formule avec une incomparable clarté : « Le même enchaînement d’impressions centripètes n’aurait-il pas toujours dans le même organisme un effet toujours le même (le même mouvement volontaire en apparence) ? » Il faut savoir si, avec Helmholtz[3] l’on veut, oui

  1. Widerlegung des Materialismus und der mechanischen Weltanschauung, Berlin, 1873.
  2. Physiologie, vierte Auflage, p. 459.
  3. Populäre Vorträge, zweite H., p. 200.