Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que nous multiplierons heureusement notre race. » Attachés à cette idée, fermes dans leur résolution, ils suivirent les traces de leurs aînés, et se dispersèrent de tous côtés : comme leurs frères ils ne sont pas revenus, et sans doute ils ont trouvé la mort dans des régions lointaines.

Alors le grand Dakcha, irrité de la mort des Sabalâswas, dit à Nârada : « Meurs maintenant et va te renfermer dans le sein d’une femme. » C’est ainsi, ô roi, qu’un frère, en courant témérairement sur les pas de son frère, trouve bientôt la mort : le sage sait éviter cette destinée.

Le patriarche Dakcha, après la mort de ses fils, rendit la fille de Vîrana mère de soixante filles ; c’est ce que dit la tradition. Ces filles eurent pour époux le grand Casyapa, Soma, Dharma, et d’autres Maharchis. Dakcha en donna dix à Dharma, treize à Casyapa, vingt-sept à Soma[1], quatre à Arichtanémi, deux à Vahoupoutra[2], deux aussi à Angiras, deux au docte Crisâswa[3]. Ô fils de Courou, voici maintenant des détails sur quelques-unes d’entre elles.

Aroundhatî, Vasou, Yâmî, Lambhâ, Bhânou, Maroutwatî, Sancalpâ, Mouhoûrttâ, Sâdhyâ et Viswâ, ce sont là les dix épouses de Dharma. Je vais te dire quels furent leurs enfants.

Les Viswadévas[4] naquirent de Viswâ, les Sâdhyas[5] de Sâdhyâ, les Ma-

  1. Il est à regretter que la sphère indienne ne nous soit pas connue : je suis persuadé qu’on y trouverait l’explication de toutes ces allégories : car ces nombreuses épouses, données à des patriarches, ne sont, selon moi, que des divisions d’une région du ciel placée sous leur influence. Ainsi l’on sait que les vingt-sept épouses de Soma ne sont que les constellations qui partageaient la route céleste de la lune. Soma pourrait donc représenter la région de l’écliptique, dont il serait le régent, comme Casyapa présiderait à une portion de l’hémisphère septentrional, et Dharma à une portion de l’hémisphère méridional. En effet Dharma-râdja est un des noms d’Yama, régent du midi. Je prie encore une fois le lecteur de me pardonner mes conjectures, qu’au reste je ne lui donne que comme telles, faute de renseignements certains. Je veux seulement appeler son attention sur ces idées. Angiras est une des étoiles qui composent la Grande Ourse.
  2. Le manuscrit de M. Tod porte Bhrigoupoutra.
  3. Crisâswa est un Mouni fameux par ses écrits sur l’art dramatique ; de là vient le nom de Crisâswin qu’on donne aux acteurs. Non pas que l’art dramatique puisse être considéré comme aussi ancien que ce Crisâswa : mais des ouvrages modernes sont, chez les Indiens, fréquemment attribués à de saints personnages de l’antiquité, soit que les auteurs aient voulu de cette manière donner plus d’autorité à leurs écrits, soit qu’ils aient en effet porté le même nom que ces anciens personnages, avec lesquels ils sont maintenant confondus.
  4. Les Viswas ou Viswadévas sont au nombre de dix, savoir, Vasou, Satya, Dakcha, Câla, Câma, Dhriti, Courou, Pourourava et Madrava. On les honore dans les srâddhas, cérémonies funèbres où ils reçoivent une offrande de beurre.
  5. Les Sâdhyas sont aussi des divinités, astronomiques selon moi, au nombre de douze.