Page:Langlois - Rig Véda.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

norés et dignes du rang suprême, (les Marouts) brillent sous leurs parures comme les nuages sous les feux des étoiles.

2. Quand, par toutes les routes de l’air, vous avez, tels que des oiseaux, rassemblé sur vos chars flottants (l’onde) voyageuse, alors les (nuages), trésors (de la pluie), se fondent en eau : ô Marouts, envoyez à celui qui vous honore ce beurre (de la terre) aussi doux que le miel.

3. Lorsque, pour le bien (du monde), ils attellent (leur char), la terre, semblable à une épouse séparée de son époux, tremble sous leurs pas qui l’ébranlent ; car (les Marouts), se faisant un jeu de leurs violences, et armés de traits resplendissants, prouvent leur force en remuant le (monde).

4. Venez, troupe jeune et légère, amenée par vos daims rapides ; souverains environnés de force, vous êtes vrais dans vos promesses, bienfaisants et irréprochables : accueillez notre prière, et répandez vos biens sur nous.

5. C’est en vertu de notre naissance, comme disciples de notre vieux père[1], que nous chantons (cet hymne). Notre voix, qui célèbre le soma, s’élève (vers les Marouts). Dans les sacrifices que les poëtes offrent en l’honneur d’Indra, (ces dieux) ont obtenu d’entendre aussi invoquer leurs noms.

6. Pour le salut (du monde), ils savent aux ondes (bienfaisantes) mêler l’influence des rayons lumineux ; honorés par les poètes, célébrés par leurs chants, légers et intrépides, les Marouts ont mérité la haute demeure que l’on distingue par leur nom[2].


HYMNE VIII.

Aux Marouts, par Gotama.

(Mètre : Pankti.)

1. Ô Marouts, venez sur vos chars étincelants, lumineux, garnis de traits aigus, et traînés par de rapides coursiers. Accourez, tels que des oiseaux, et comblez heureusement nos vœux en nous accordant une abondante nourriture.

2. Quel (mortel ces dieux) veulent-ils favoriser ? Pour qui viennent-ils avec ces coursiers jaunes et rougeâtres qu’ils attachent à leur char ? Leur (char) est brillant comme l’or, et retentit du bruit des armes. Le fracas de leurs roues fait frémir la terre.

3. Le long de vos corps retentissent vos belles armures. (Les mortels) élèvent vers vous leurs offrandes, comme les arbres (élèvent leurs têtes vers le ciel). Généreux Marouts, ils amassent pour vous dans le mortier les libations abondantes qu’ils vous réservent !

4. Les enfants de Gotama, pressés par la soif, ont pendant plusieurs jours célébré cette pieuse cérémonie, accompagnée de libations ; ils ont accompli l’œuvre sainte (en l’honneur des Marouts), qui, pour les désaltérer, ont par les airs enlevé une source[3].

5. Ô Marouts, l’hymne que nous vous adressons contient les mêmes sentiments que celui qu’autrefois vous a fait entendre Gotama, quand il vous aperçut, nobles vainqueurs, courant çà et là sur vos chars d’or et brandissant vos armes de fer.

6. Ô Marouts, la voix qui s’élève aujourd’hui vers vous, vous chante avec non moins de raison que celle qui vous célébra (jadis). Oui, c’est avec justice que nous vous exaltons dans ces (vers), tenant en nos mains les mets sacrés.


HYMNE IX.

À tous les dieux, par Gotama.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Célébrons sans trouble, et dans la paix du recueillement, nos saintes cérémonies. Qu’elles soient efficaces pour nous, et que les dieux, amis constants de notre bonheur, restent à nos côtés, et nous protègent chaque jour !

2. Que l’heureuse faveur des dieux, que les bienfaits des dieux justes soient avec nous. Puissions-nous obtenir l’amitié des dieux ! que les dieux prolongent notre vie !

3. Suivant l’antique coutume, nous invoquons Bhaga, Mitra, Aditi, Dakcha, Asridh, Aryaman, Varouna, Soma, les deux Aswins[4]. Que l’heureuse Saraswatî nous donne la joie !

4. Que la guérison de nos maux nous soit assurée par Vâyou, par la Terre, qui est la mère (commune) ; par le Ciel, qui est le père ; par l’influence de ces mortiers qui préparent le soma et

  1. Il désigne ou Rahoûgana son père, ou l’ancien Gotama.
  2. Mâroutam dhâman.
  3. Voy. page 93, col. 1, note 2.
  4. Les mots Bhaga, Mitra, Aryaman, Varouna, nous sont déjà connus pour être des noms du Soleil. Aditi est la Terre, ou plutôt la Nature. Dakcha doit être un nom du sacrifice personnifié, peut-être la donation. Ce fut dans la suite le nom d’un Pradjâpati et d’un saint Mouni. Le mot Asridh est considéré par le commentateur comme synonyme de Marout, dieu des vents. Soma, c’est le dieu de la libation. Nous n’avons plus rien à dire sur les deux Aswins et Saraswatî.