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[Lect. I.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

4. Agni, ô toi qui possèdes tous les biens, nous te célébrons, nous t’adorons, (dieu) noble, brillant, honorable. Les Dévas t’ont fait pour être le messager (du sacrifice), la terreur de l’ennemi, le porteur de l’holocauste, le dépositaire de l’ambroisie.

5. Que, placé près de (ton foyer) le matin et dans deux autres (moments)[1] un homme religieux et fortuné veuille te vénérer en te présentant la Swadhâ ; ô (dieu) sage, remplis en sa faveur les divers devoirs du prêtre. Dans la sainte cérémonie consomme notre sacrifice.


HYMNE XII.

À Agni, par Cata.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, sois bienveillant pour nous ; viens tel qu’un ami, et dans ton amitié sois bon comme un père et une mère. Les hommes sont exposés à beaucoup de maux : brûle les ennemis qui se déclarent contre nous.

2. Agni, brûle les ennemis qui nous menacent ; réduis en cendres l’orgueil de notre adversaire impie. (Dieu) prudent et protecteur, brûle les (êtres) dépourvus de sagesse. Que tes rayons immortels soient vainqueurs.

3. Agni, j’implore ta faveur, et je t’offre ce beurre (sacré) pour obtenir la puissance et la force. Je t’adore, et mesurant mes hommages à ma fortune, j’emploie la sainte prière et j’attends de toi mille faveurs.

4. Enfant de la Force, allume tes feux en entendant nos louanges ; donne à tes serviteurs, (donne), Agni, aux enfants de Viswâmitra une riche et abondante opulence. Nous demandons le bonheur, et arrosons ton corps de nombreuses libations.

5. Agni, généreux bienfaiteur, comble-nous de tes dons précieux en récompense de cet éclat brillant dont nous t’entourons. (Vois, en effet, comme) tes bras s’étendent magnifiquement dans le foyer de ton heureux serviteur, (comme) tes formes se déploient.


HYMNE XIII.

À Agni, par Gathin.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. J’honore dans le sacrifice Agni, prêtre sage et savant, héraut habile dans la louange. Que pour la fête que nous célébrons en l’honneur des dieux il nous serve de pontife, et qu’il reçoive nos offrandes pour nous accorder la richesse et l’abondance.

2. Ô Agni, tournant (avec respect) vers ma droite[2], j’ouvre et célèbre pour toi cette fête où sont prodigués les holocaustes, les mets, les offrandes, le beurre (consacré). Avec tes dons et tes trésors viens à notre sacrifice.

3. Ton serviteur t’apporte une âme dévouée. Donne-lui une heureuse famille. Puissions-nous, ô Agni, tenir de toi une mâle puissance, de la gloire et des richesses.

4. Ô Agni, tes serviteurs se sont plu à nourrir l’éclat de tes rayons divins. Amène donc les dieux à cette fête, où, prêtre toujours jeune, tu déploies aujourd’hui ta force merveilleuse.

5. Les Dévas, dans cette assemblée sainte, t’ont pris pour sacrificateur, et ils ont versé sur toi la libation. Éveille-toi, Agni, notre sauveur, et répands sur nous tes bienfaits.


HYMNE XIV.

À Agni, par Gathin.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le (prêtre), apportant (l’holocauste) et ses hymnes, invoque le matin Agni, l’Aurore, les Aswins, (le dieu appelé) Dadhicrâs[3]. Qu’ils nous entendent, ces dieux brillants, heureux de nos hommages et amis de nos sacrifices.

2. Ô Agni, enfant du Sacrifice, tu as trois aliments[4], trois foyers[5], trois langues[6] avides de libations, trois corps[7]. Avec ces (corps) sauve-nous ; écoute nos prières.

3. Immortel Agni, dieu qui possèdes tous les biens et qui aimes la Swadhâ, tes rayons sont

  1. Je pense que l’auteur fait ici allusion au trichavana, ou aux trois sacrifices de la journée. Cependant, il pourrait bien aussi parler du trivédi, de la réunion des trois foyers où siége Agni.
  2. La cérémonie sacrée s’accomplit en faisant le tour du feu de gauche à droite. Lois de Manou, liv. III, sl. 214.
  3. Ce mot signifie un dieu qui vient vers le caillé, et doit ici s’entendre du soleil. Ailleurs ce peut être Agni.
  4. Voy. page 201, col. 2, note 2.
  5. Ce sont les trois coundas des feux Ahavanîya, Dakchina et Gârhapatya. Le commentaire croit que ce sont les trois mondes.
  6. On appelle langue la flamme d’Agni, qui brille sur le triple foyer.
  7. Le commentaire donne à ces corps les noms de Pavamâna, Pâvaca et Soutchi. Voy. page 203, col. 2, note 1 ; et page 205, col. 1, note 6.