Page:Langlois - Rig Véda.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. VI.]
315
RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

21. Ô Agni, aujourd’hui comme jadis, tu as couvert d’un voile lumineux l’espace (céleste).

22. Ô mes amis, apportez vos hymnes et vos offrandes pour Agni le victorieux. (Ô poëte), chante et honore (ce dieu) sage.

23. Que dans ses jours qui appartiennent aux enfants de Manou[1], apparaisse sur le foyer Agni, sacrificateur, prêtre éclairé, messager (divin), porteur de l’holocauste.

24. (Ô dieu) protecteur, honore (Mitra et Varouna), dont l’œuvre est brillante et royale, les (autres) Adityas, la troupe des Marouts, le Ciel et la Terre.

25. Ô immortel Agni, enfant de la Force, ta vue est pour le mortel indigent une source de biens assurés.

26. Que le mortel opulent t’honore aujourd’hui par ses hymnes et se distingue par ses présents.

27. Ô Agni, que les serviteurs qui t’implorent ressentent pendant toute leur vie ta protection. Qu’ils triomphent de leurs superbes ennemis ; oui, que ces superbes ennemis soient terrassés.

28. Agni du trait aigu de son rayon perce tout impie. Agni nous donne la richesse.

29. Ô sage possesseur de tous les biens, accorde-nous une opulence que soutienne la force de la famille. Ô (dieu) puissant, donne la mort aux Rakchasas.

30. Ô possesseur de tous les biens, préserve-nous du mal, si nous voulions le commettre. Sauve-nous, ô sage instruit dans la science sacrée.

31. Ô Agni, délivre-nous du mal ; (délivre-nous) du méchant qui voudrait notre mort.

32. Ô dieu, que ta langue (brûle et) détruise le mortel malfaisant qui veut notre perte.

33. Ô puissant Agni, accorde à Bharadwâdja une heureuse protection, une brillante richesse.

34. Qu’il détruise nos ennemis, cet Agni qui aime nos offrandes et nos hymnes, que nous invoquons en allumant ses feux resplendissants.

35. Viens t’asseoir sur le trône du sacrifice, au giron immortel d’(Ilâ), ta mère, et brille comme le père de ton propre père[2].

36. Ô sage Agni, possesseur de tous les biens, dirige cette sainte cérémonie, qui se distingue par son éclat divin ; qu’elle soit féconde pour notre famille.

37. Ô Agni, enfant de la Force, nous venons avec des offrandes et des prières vers (le dieu) dont la vue nous réjouit.

38. Ô Agni, qui brilles de l’éclat de l’or, nous nous mettons sous ta protection, comme à l’ombre (d’un grand arbre).

39. Terrible comme l’archer, menaçant comme le taureau aux cornes pointues, ô Agni, tu as brisé les villes (célestes).

40. De même qu’on porte sur le bras un bracelet, ou bien un jeune nourrisson, de même (les prêtres) nous apportent Agni, maître de nos sacrifices.

41. Apportez pour la sainte cérémonie le dieu des dieux, le plus riche (des seigneurs). Qu’il siège sur son trône.

42. (Cet enfant) qui vient de naître, cet hôte, ce maître de maison, excitez ses feux ; car c’est l’heureux Djâtavédas.

43. Ô divin Agni, attelle tes excellents coursiers, qui font l’ornement de notre prière.

44. Arrive vers nous ; porte les offrandes du sacrifice, et amène les dieux pour boire notre soma.

45. Immortel Agni, qui portes (nos holocaustes), allume tes rayons, et brille d’un éternel éclat.

46. Ainsi, que le mortel honore par ses hommages le divin Agni ; qu’il le célèbre dans le sacrifice en lui présentant son offrande, et, les mains élevées avec respect, qu’il vénère le pontife qui rend un juste culte à ce qui est dans le ciel et sur la terre.

47. Ô Agni, nous t’apportons avec notre hymne un holocauste que la pitié du cœur recommande. Que pour toi les taureaux et les vaches (de la libation) donnent la preuve de leur puissance ou de leur fécondité.

48. Les Dévas ont surtout allumé les feux d’Agni, pour qu’il devînt l’ennemi terrible de Vritra, pour que sa puissance nous donnât la richesse et détruisît les Rakchasas.





LECTURE SIXIÈME.

HYMNE I.

À Indra, par Bharadwâdja.

(Mètres : Trichtoubh et Dwipadâ.)

1. Bois le soma que (nous t’offrons), ô terrible Indra. Animé par nos chants, ouvre le vaste pâ-

  1. À la page 300, col. 1, note 1, il est question des révolutions nâhouchiennes ; ici on trouve, par opposition, les révolutions mânouchiennes, c’est-à-dire les périodes (yougâni) diurnes, pendant lesquelles les enfants de Manou peuvent vaquer aux œuvres saintes.
  2. C’est-à-dire comme le protecteur du sacrificateur qui l’a produit.