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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SIXIÈME.

10. Ô Agni, tu es le premier pour nous et parmi les enfants d’Ayou et parmi les dieux. Tu es le seul maître de la richesse. Les Ondes s’empressent d’elles-mêmes à couler autour de toi. Périssent tous nos ennemis !


HYMNE IX.
À Indra et Agni, par Nabhaca.
(Mètres : Sakwarî, Trichtoubh et Mahâpankti.)

1. Ô Indra et Agni, vous triomphez pour nous. Vous nous donnez une opulence telle que, forts au milieu des batailles, nous détruisons tout ce qui est solide, de même que le feu, (poussé) par le vent, (détruit) les forêts. Périssent tous nos ennemis !

2. Nous implorons vos faveurs. Nous honorons Indra comme le plus puissant des héros. Qu’il vienne sur son char prendre sa part dans nos offrandes et nos sacrifices. Périssent tous nos ennemis !

3. Indra et Agni vivent au milieu des batailles. Sages héros, invoqués par la Prière, agissez en faveur de celui qui désire votre amitié. Périssent tous nos ennemis !

4. Célèbre par ton sacrifice et par ton hymne, comme le faisait (ton père)[1] Nâbhâca, Indra et Agni, auxquels le Monde entier, le Ciel, la grande Terre, apportent leurs richesses. Périssent tous nos ennemis !

5. Comme le faisait Nâbhâca, observez les rites en l’honneur d’Indra et d’Agni, qui ouvrent les portes de cet Océan (aérien) dont les ondes ont sept sources[2]. Car Indra est un roi puissant. Périssent tous nos ennemis !

6. (Vritra) est comme un arbre qui étend ses vastes rameaux. Coupe ses branches. Brise la force du brigand. Puissions-nous partager avec Indra les trésors (de l’Asoura) ! Périssent tous nos ennemis !

7. Ô Indra et Agni, ce peuple t’invoque en te présentant l’offrande et la prière. Puissions-nous dans la bataille vaincre avec nos guerriers ! Puissions-nous renvoyer le mal à ceux qui veulent notre mal ! Périssent tous nos ennemis !

8. Indra et Agni descendent du ciel avec leurs blanches lumières. Les Ondes, qu’ils ont délivrées de leurs chaînes, viennent apporter leur tribut dans l’œuvre (sainte). Périssent tous nos ennemis !

9. Ô Indra, que traînent deux chevaux azurés, le sacrificateur a pour toi prodigué les offrandes et les bénédictions. Donne-nous des richesses, (donne-nous) de vigoureux enfants, de manière à combler tous nos vœux. Périssent tous nos ennemis !

10. Par vos louanges encouragez ce (dieu) brillant, libéral, digne de nos hymnes. Que par sa force il brise les œufs[3] de Souchna, et qu’il obtienne, pour prix de sa victoire, les eaux célestes. Périssent tous nos ennemis !

11. Encouragez ce (dieu) bon, juste, secourable, ami de nos sacrifices. Qu’en faveur de son serviteur il brise les œufs de Souchna, et qu’il obtienne, pour prix de sa victoire, les eaux célestes. Périssent tous nos ennemis !

12. Ainsi nous chantons un hymne en l’honneur d’Indra et Agni, comme faisaient nos pères, comme faisaient Mandhâtri et Angiras. Couvrez-nous d’une triple protection. Puissions-nous être maîtres de la richesse !


HYMNE X.
À Varouna, par Nabhaca.
(Mètre : Mahâpankti.)

1. Honore avec les sages Marouts le grand Varouna, qui garde les enfants de Manou, comme (le pasteur garde) les bestiaux et les vaches. Périssent tous nos ennemis !

2. (Honorons) ensemble par nos chants, par les prières de nos pères, par les hymnes de Nâbhâca, le (dieu) qui se tient à la source même des ondes (du sacrifice), au milieu des sept sœurs (les Libations)[4]. Périssent tous nos ennemis !

3. Il embrasse les Nuits[5] ; dans son élan rapide, il étend sur tout sa brillante magie ; et trois amantes[6] viennent lui rendre hommage, le matin, (à midi et le soir). Périssent tous nos ennemis !

4. Au-dessus de son (foyer) terrestre il a développé avec splendeur les régions (célestes) ; il a mesuré l’antique et adorable demeure de Varouna. Il est le maître et comme le pasteur (des hommes). Périssent tous nos ennemis !

  1. Nâbhâca m’a paru être un ascendant de Nâbhâca, l’auteur de cet hymne.
  2. Nous avons vu bien des fois que le poëte reconnaissait sept rivières célestes.
  3. Traduction littérale : le poëte désigne ainsi les nuages.
  4. On compte en effet sept espèces de libations ou d’offrandes, comme aussi sept espèces de mètres.
  5. Nous avons vu, en expliquant ailleurs le mot kchapâvâ, que le mot kchapâ (nuit) faisait allusion aux sacrifices ou libations qui ont lieu à la fin et au commencement de chaque nuit.
  6. Les Libations des trois sacrifices.