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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

de miel. Avec un bruit harmonieux tu remplis le vase des lustrations.


HYMNE VII.
À Soma, par les sept richis.
(Mètres : Vrihatî, Akcharâ, Dwipadâ et Virât.)

1. Versez la liqueur de Soma, qui est la première des offrandes, qui coule pour le bonheur des hommes du sein des mortiers, et passe au milieu des Ondes.

2. (Dieu) invincible, répands sur le (filtre) de laine ton onde pure et odorante. Nous aimons à te confondre avec les offrandes et le (lait) de la vache, et à te verser au sein des eaux.

3. Le sage et puissant Indou coule à nos regards pour le bonheur des dieux.

4. Tu viens, ô pur Soma ; tu mêles aux Ondes ta rosée. Source divine d’or et de richesses, tu t’assieds au trône de Rita.

5. Il suce la mamelle céleste pour former son miel délicieux. Il va se placer sur le siége antique (du sacrifice. Dieu) rapide et sage, lancé par les prêtres, il se précipite dans le réservoir des ondes que nous honorons.

6. Ô pur et vigilant Soma, tu remplis le filtre de laine. En notre faveur tu deviens prêtre, tu es le premier des Angiras[1]. Répands ton miel sur notre sacrifice.

7. Soma épanche ses ondes, et connaît la route (de la demeure sacrée). Tu es Richi, prêtre et sage. Prophète dévoué au service des dieux, tu as fait monter le Soleil dans le ciel.

8. Répandu par les ministres du sacrifice sur la laine des brebis, il précipite son onde fortunée, qui ressemble à une cavale brillante.

9. Que Soma descende dans le vase des libations et s’unisse au lait des vaches. Ses ondes vont au Samoudra, comme (les eaux à la mer). Il est tourmenté pour donner son suc enivrant.

10. Ô Soma, tu sors des mortiers pour passer sur la laine des brebis. De même qu’un mortel entre dans la ville, (Dieu) brillant, tu t’avances du pressoir vers les (coupes) de bois où tu vas siéger.

11. Il se purifie sur le filtre de laine ; il se fortifie comme le coursier qui se dispose au combat. Le pur Soma devient le héros de hymnes chantés par les sages.

12. L’onde de Soma, pour le sacrifice, grossit comme un fleuve. Sa liqueur vive et enivrante, formée du lait de sa plante, se jette dans le trésor où repose le miel de la libation.

13. Tel qu’un aimable et cher enfant que l’on a purifié, (Soma) est enveloppé d’un vêtement blanc. De même que les ouvriers lancent un char, les (prêtres) avec leurs mains (précipitent le dieu) au milieu des ondes.

14. La boisson de Soma, vive et pénétrante, va dans le Samoudra[2] inspirant la joyeuse ivresse, et répandant avec sagesse le bonheur et le plaisir.

15. Le roi pur et divin a traversé le Samoudra avec son flot, pour arriver à la demeure du grand Sacrifice. Pour rendre hommage à Mitra et Varouna, il a été lancé dans la demeure du grand Sacrifice.

16. Le roi divin, aimable et sage, a été dirigé par les prêtres à travers le Samoudra.

17. L’enivrant Soma est versé en l’honneur d’Indra, l’allié des Marouts. Il s’échappe en mille torrents, et vient sur le (filtre) de laine, où les enfants d’Ayou le purifient.

18. Le sage Soma, purifié sous le pressoir, enfante la Prière, et joue au milieu des Dévas. Il se revêt de l’enveloppe que lui forment les ondes et le (lait) des vaches, et va siéger dans les (coupes) de bois.

19. Ô Soma, ô Indou, je me plais chaque jour à (chanter) ton amitié. Ô (Dieu surnommé) Babhrou[3], de nombreux (ennemis) m’obsèdent. Viens les disperser.

20. Ô Soma, ô Babhrou, nuit et jour ton amitié est pour moi une mamelle (abondante). Nous venons à toi, comme les oiseaux (viennent) vers le soleil, qui d’en haut les échauffe par sa lumière.

21. Ô (Dieu) pur, distingué par la beauté de tes bras[4], plongé dans le Samoudra, tu fais entendre ta voix. Tu nous apportes de vastes et opulentes richesses, objet d’envie parmi les hommes.

22. Ô (Dieu) pur et généreux, tu es versé sur la laine de la brebis ; tu résonnes dans le bois (de nos vases). Ô pur Soma, mêlé au (lait) des vaches, tu viens dans la coupe des dieux.

23. Assiste aux œuvres de nos sages, et prends

  1. C’est ainsi que l’on désigne Agni.
  2. Le commentaire veut toujours que ce mot signifie l’air (antarikcha). Cependant il reconnaît qu’il a aussi le sens de calasa (bassin).
  3. Le mot Babhrou est une épithète du dieu Agni.
  4. On se rappelle que les bras et les mains, en style symbolique, représentent les rayons.