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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/299

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CONCLUSION

I. L’histoire n’est que la mise en œuvre de documents. Or il dépend d’accidents fortuits que les documents se soient conservés ou se soient perdus. De là, dans la constitution de l’histoire, le rôle dominant du hasard.

La quantité des documents qui existent, sinon des documents connus, est donnée ; le temps, en dépit de toutes les précautions qui sont prises de nos jours, la diminue sans cesse ; elle n’augmentera jamais. L’histoire dispose d’un stock de documents limité ; les progrès de la science historique sont limités par là même. Quand tous les documents seront connus et auront subi les opérations qui les rendent utilisables, l’œuvre de l’érudition sera terminée. Pour quelques périodes anciennes, dont les documents sont rares, on prévoit déjà que, dans une ou deux générations au plus, il faudra s’arrêter. Les historiens seront alors obligés de se replier de plus en plus sur les périodes modernes. L’histoire ne réalisera donc pas le rêve qui, au xixe siècle, a inspiré aux romantiques tant d’enthousiasme pour les études historiques : elle ne percera pas le mystère des origines des sociétés ; et, faute de documents, le commencement de l’évolution de l’humanité restera toujours obscur.

L’historien ne recueille pas lui-même les matériaux