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CHAPITRE II

LE THÉÂTRE DU QUINZIÈME SIÈCLE

(1450-1550)
1. Les Mystères. Le Vieux Testament ; la Passion ; les Actes des Apôtres. Caractère pieux des représentations. Leur organisation. Art à la fois réaliste et conventionnel. Scènes populaires et triviales. Valeur littéraire des mystères. Les Confrères de la Passion. — 2. Théâtre profane et comique. Basoche, Enfants sans souci. Sotties, moralités, farces. Grossièreté des farces, leur esprit. La Farce de maître Patelin : expression comique de types observés et vivants.

Entre la fin de la guerre de Cent Ans et le commencement des guerres de religion s’étend une période de paix intérieure, où, sous la domination protectrice d’une royauté qui se fait absolue, la bourgeoisie, moins opprimée, moins inquiète, plus riche, s’attache avec passion aux représentations dramatiques.

Par toute la France se dressent échafauds et tréteaux pour toutes sortes de jeux sérieux et comiques. Entre tous les plaisirs de l’esprit, celui du théâtre est le plus sensible et le plus intense pour un tel public, grossier et homogène, composé par conséquent d’individus en qui vibre plutôt l’âme commune des foules que les impressions uniques d’une âme personnelle.

1. LES MYSTÈRES

Les pièces sacrées de l’âge précédent, représentations, jeux, miracles, deviennent au xve siècle des mystères. Ce mot désigne d’abord vers 1400 des représentations figurées, sans dialogue dramatique, des scènes muettes, pantomimes, tableaux vivants, dont les sujets étaient mythologiques, allégoriques ou chrétiens, et qu’on donnait aux fêtes, aux entrées de rois et de princes. Ainsi,