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distinctions des principaux courants.

la première fois désignés ou définis en français : il a fallu trouver et créer des mots. Par le Plutarque d’Amyot, des termes de politique, d’institutions, de philosophie, de sciences, de musique, ou sont entrés ou bien ont été définitivement implantés dans la langue française. [1] En somme, venant après le Pantagruel de Rabelais, après l’Institution de Calvin, le Plutarque d’Amyot est le plus considérable effort fourni par la langue française dans sa tentative d’égaler les langues anciennes : il rend Montaigne possible. Mieux même encore que les Essais, il est le plus complet et copieux répertoire des tours, locutions et mots que la langue du xvie siècle a mis à la disposition de la pensée. Vaugelas et Fénelon, dans le siècle suivant, lui ont bien rendu cette justice.

[Il y a même, chez Amyot, une tendance à l’harmonie de la phrase et une recherche consciente des effets qui satisfont l’oreille : ses corrections en ont fourni la preuve à M. Sturel. De ce côté encore, la prose classique lui est redevable.]

  1. Il semble avoir introduit atome, enthousiasme, gangrène, horizon, panégyrique, prosodie, pédagogue ; il dit éphores, aréopage, mage, ostracisme, hiéroglyphes, iambe, trimètre, tétramêtre, dactyle, trochée, etc. Il distingue rythme de rime. Il hasarde misanthrope. (De Blignières, ouvr. cité, p. 416-417.)