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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/105

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Car tu peux seule, ô Muse ! à la foule insensée
Souffler du haut des monts un esprit sage et fier ;
Et ceux que tu revêts d’une grande pensée
Marchent dans la bataille à l’épreuve du fer.





VI

LES DEUX CIMES



I


Aux grands monts la nature a fait des lots divers
Ainsi qu’aux grandes âmes :
De glaciers éternels ceux-là furent couverts,
Ceux-ci remplis de flammes.

Toujours dans leur cratère, ou lave, ou passion,
Grondent des voix latentes ;
Puis le volcan s’éclaire, à chaque éruption,
De gerbes éclatantes.

Jamais phare des cieux n’a lui d’un feu pareil.
Quand vient la nuit, il semble
Qu’un astre, ardent rival des splendeurs du soleil,
Surgit du mont qui tremble.

De ses jets flamboyants il embrase les airs.
Rougit les eaux voisines :