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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/115

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Il en a pris au tronc où fut gravé
Un chiffre encor souriant sur le hêtre,
Où, dans le nid, fut, pour elle, enlevé
Le gai pinson qui chante à sa fenêtre ;

La branche aussi d’où l’amant fit pleuvoir
Sur un cou blanc les vermeilles cerises,
Et celle encor du saule à feuilles grises
Qu’il écarta sur son bain pour l’y voir ;

Et les rameaux du bois plus solitaire
Où tant de mousse invite à se poser,
Sous le rocher qui garde avec mystère
L’écho furtif de leur premier baiser !

À pas rêveurs le vieillard nous apporte
Son lourd faisceau dont il aime le poids ;
Du chaume antique il a franchi la porte,
Sur les chenets il a rangé le bois.

Là, chaque brin du fagot qu’il ménage
Flambe à son tour et fait durer le feu…
Débris ardents des trésors d’un autre âge,
Vous pouvez seuls le rajeunir un peu !

Assis dans l’âtre, en sa robe de laine,
Il tend ses doigts vers les rouges tisons ;
Sur le chenet tiédit sa tasse pleine
D’un vin gardé des fertiles saisons.

Du doux brasier son cœur ressent le charme ;
La sève encor monte à ses yeux taris ;