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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/138

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Que j’acceptai la lutte et que j’y fus vaillante ;
C’est pour vous, près de Dieu, que j’en reçois le prix

Si je quitte le ciel durant vos nuits suprêmes,
C’est pour vous l’apporter ce prix de mes combats ;
Tu dois, quand mon regard t’apparaît ici-bas,
Oublier tes douleurs, tes fautes elles-mêmes.

Le Seigneur choisirait un autre messager
S’il avait contre toi des pensers de colère ;
Il t’aime, il te pardonne, il vient t’encourager,
Puisqu’il te parle ici par ma voix tutélaire.

Le rayon de mes yeux chassera loin de toi
Ces vapeurs d’un passé qui n’est plus qu’une cendre ;
Tout ce ciel ne m’est rien si je n’en puis descendre
Pour te nourrir encor d’espérance et de foi.

Si je n’y gardais pas ta place au sein du maître,
Si je n’y puis aimer ceux que j’aimais jadis,
Le Dieu qui fit mon cœur, et qui doit le connaître
Ne m’aurait pas donné, sans vous, son paradis.

Porte donc vaillamment ta douleur éphémère,
Tu blasphèmes de moi quand tu maudis le sort ;
Je ne t’engendrai pas pour l’éternelle mort.
Va ! crois-en un Dieu bon, si tu crois à ta mère.


ÉDITH.

Oui, nul amour en moi ne peut brûler pour Dieu,
Si du vôtre, ô ma mère, il n’emprunte son feu.