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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/169

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C’est nous qui sommes la vengeance
Des monts dépouillés jusqu’aux os.
Vos désirs, qui lui font injure,
Ont forcé la sainte nature
À déchaîner les grandes eaux.

La trombe éclate, et sur la pente
Qu’abritaient les chênes divins,
Vos champs où la vigne serpente
Sont emportés dans les ravins.
Le sol, œuvre de mille années,
Les chaumières déracinées,
Les sapins croulant des hauteurs,
La glèbe arrachée aux collines
Vont enfouir sous les ruines
La cité des profanateurs.

Aide, ô foudre, à notre colère !
Frappe aussi le glacier d’azur !
Car l’homme, aujourd’hui, ne tolère
Rien de sublime et rien de pur.
La neige est trop blanche et trop belle ;
Qu’un limon vil fonde avec elle
Pour grossir nos flots irrités !
Allons, roulant ce noir mélange,
Noyer dans une mer de fange
Votre orgueil et vos lâchetés.


FRANTZ.

Moi, je veux que le cri de mon âpre justice
Égale ces rugissements ;