Aller au contenu

Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Or, seuls dans leur sentier, revenant à l’écart,
Les époux l’un de l’autre ont cherché le regard.


FRANTZ.

Ah ! je voudrais verser mon âme tout entière
Au sillon que voilà ;
Et dormir à jamais sous cette morne pierre,
Si tu n’étais pas là.

Si ma vie en son deuil n’était pas enchaînée
Aux bras de nos enfants…
Mais mon cœur sera fort contre la destinée ;
C’est toi qui le défends.

J’ai vu crouler sous moi le sol de ma colline ;
Mais l’arbre y vit toujours,
Ô mère de mes fils ! car j’ai pris ma racine
Dans nos saintes amours.

Reçois donc à cette heure, avec ma plainte amère
D’un bonheur envolé,
Tout mon cœur dans un mot : Dieu m’a repris ma mère,
Et tu m’as consolé !


BERTHE.

Et moi dans un mot je rassemble
Les plus saints noms et les plus doux ;
J’ai mon père et ma mère ensemble
Et mon frère en toi, mon époux !