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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/50

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II

LA SOURCE ÉTERNELLE


à mon ami louis janmot.


En vain ton corps palpite et parle avec cent voix,
Ils disent l’âme absente.
Nature ! et tu n’as rien sous tes flots, sous tes bois,
Rien qui rêve et qui sente !

Simple théâtre, en toi l’homme seul est acteur,
Lui seul veut, souffre, expie.
Qui voit l’esprit frémir sous ta face est menteur,
Qui t’adore est impie.

Dans ce bruyant vallon, rien n’a de vie, hors moi ;
Tout est forme éphémère ;
Et j’étais insensé quand j’allais, plein de foi,
Dire au chêne : Mon frère !

Rien n’est pensée au fond des forêts où j’entends
La parole suprême ;
Rien n’est amour ni joie en tes fleurs, ô printemps !
Ô toi par qui l’on aime !