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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/81

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LIVRE DEUXIEME




I

SYMPHONIE DU TORRENT


À mon ami A. Brizeux


LE POÈTE.


Ô nature ! en ton sein où l’ennui me ramène.
Je sens une âme triste ainsi que l’âme humaine ;
Tu gémis : c’est pourquoi je t’apporte mon cœur.
Toi, du moins, tu n’as pas de sourire moqueur,
Jamais ton doux regard ne lance l’ironie,
Et ton front porte haut sa tristesse infinie.
L’homme croit se guérir s’il peut cacher son mal ;
La froide raillerie est son masque banal.
Mais toi, dans la douleur, tu restes calme et vraie ;
Tu n’as pas dans les yeux ce rire qui m’effraie ;
Je viens mêler mes pleurs à tes pleurs sans orgueil,