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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Pernette, Lemerre.djvu/114

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PERNETTE.


Par qui naît le salut de la mort elle-même.
Un rapide envoyé, déjà sur la hauteur,
Revenait annonçant le vénéré pasteur.
Par les plus courts sentiers se hâtait le bon prêtre ;
Dans les genêts, là-bas, on le voyait paraître ;
Et bientôt, près du lit, aux pieds du cher mourant,
Le vieillard fut debout, armé du Dieu vivant.

Un long cri de douleur accueillit sa venue,
Et la foule éclata, jusqu’ici contenue.
Tous les pieux amours au désespoir mêlés
Firent explosion dans ces cœurs désolés.
Et le vieillard aussi, le prêtre sous les armes,
Elevant le ciboire, était baigné de larmes ;
Et les mots qu’il tentait pour prier et bénir,
Couverts du bruit des pleurs, il ne put les finir.

L’apôtre commença l’œuvre de pénitence,
Du geste et du regard écarta l’assistance,
Et, comprimant son cœur qui saigne et qui se fend,
Il vint s’agenouiller près de son pauvre enfant,
Le baisa doucement sur la funèbre couche,
Et puis il approcha l’oreille de sa bouche.
Le faible cœur de l’homme, alors, resta dompté,
Et le prêtre attentif reprit sa majesté ;
Et, sans cacher l’ami tout à fait sous le juge,
Il ouvrit au pécheur son intime refuge.

Le soldat commença, dans un plein abandon,
Cet aveu du chrétien qui force le pardon ;
Aveu facile à Pierre et doux à son vieux maître,
Fait pour mettre la joie au chaste cœur du prêtre,