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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Pernette, Lemerre.djvu/181

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LA SŒUR AÎNEE.


Elle arrangeait l’affreux bagage
Des grands frères désordonnés,
Et de jolis nœuds, son ouvrage,
Leurs cous rétifs étaient ornés.

Qu’on perdît un livre d’étude,
Cahier, canif et cætera…
On disait sans inquiétude :
« Bah ! Hélène le trouvera ! »

Faisant moins de bruit que personne,
À peine elle avait entendu,
Au négligent qui l’abandonne
Elle apportait l’objet perdu.

Et parfois, dans les cas suprêmes,
À ses yeux vifs ayant recours,
Le père et la maman eux-mêmes
Avaient besoin de son secours.

Mais c’est quand vint le petit frère,
C’est alors qu’il fallait la voir !
Comme elle était heureuse et fière
De bercer l’enfant chaque soir !

Alors elle était grande et sage,
Bonne aux plus sérieux emplois ;
Ce n’était point un badinage,
Elle avait sept ans, cette fois !

Quelle prudence maternelle
Aux premiers pas du gros bébé !