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CHANT DEUXIÈME


LE SOLDAT DE L’AN II



Soyons forts, dit le prêtre en posant sur la table
L’affreux papier marqué de l’aigle redoutable :
C’était vrai, voici l’ordre, et Pierre doit partir.
Nous étions trop heureux, Dieu veut nous avertir :
Pauvre mère ! Acceptons cette croix méritée ;
Imitons humblement celui qui l’a portée ;
Prions ce divin Fils de veiller sur le tien.
Toi, Pierre, mon enfant, sois homme et sois chrétien.
Mon disciple chéri, pars, béni de ton maître !
La trempe de ton cœur va se faire connaître.
Certes, l’épreuve est rude à ton âge, et c’est peu
De subir la misère et d’affronter le feu ;
Voici qu’il faut encor vivre seul, des années,
Et voir jusqu’à la paix tes amours ajournées,