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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/143

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Joyeux autour de toi, des plus belles chansons
Chacun te salûra ; comme au jour des moissons
Un chœur sacré, de fleurs couronné pour la danse,
Chante autour de Cérès espoir de l’abondance.

Dieux des bois, dieux des mers, rentrez, ô dieux épars !
Dieu qui dans l’air guidez l’or brûlant de vos chars,
Dieux répandus partout, l’Olympe vous rappelle ;
Revenez, saluez la déesse nouvelle !
Des vieux chênes, des flots, des antres souterrains,
Dieux, ministres de l’Être, ô Cyclopes, Sylvains,
Nymphes, Zéphyrs, Tritons, dieux légers, dieux énormes,
Esprits universels qui supportez les formes :
Rentrez dans votre ciel, dieux exilés là-bas !
Et vous, Titans, l’Olympe est ouvert sans combats !
Entre les dieux rivaux, toute haine s’oublie ;
Leur chaîne par tes mains à ses deux bouts se lie,
Ô Psyché ! toi par qui l’amour est triomphant !
La ronde au pied sonore entoure ton enfant,
Et la couvre de fleurs, et chante, et la dit reine,
Et respire à longs traits sa grâce souveraine.

Esprits des éléments, loin du foyer bannis,
Chantez, ô dieux ! chantez, vos travaux sont finis !
Esprits du feu, de l’air, de la terre et des fleuves,
Serfs ou tyrans de l’homme, instruments des épreuves,
Par qui l’âme a senti, souffert, lutté, vaincu,
Venez ! assez de jours la Discorde a vécu.

L’amour a tout guéri ; l’être a retrouvé l’être ;
Cet hymen est fécond, Volupté vient de naître !
Elle rassemble autour de son berceau sacré
Le grand peuple des dieux pour un temps séparé.