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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/269

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Pour fixer le printemps il faut plus d’un beau jour
Et plus d’une hirondelle.

Ne laissez pas jaillir tous vos boutons vermeils
Que le froid ne s’achève ;
Pour la saison féconde et pour les vrais soleils
Gardez bien votre sève.

L’hiver va de vos fleurs ternir la pureté,
Et leur règne s’abrège ;
Leurs calices fondront, comme ferait, l’été,
Une coupe de neige.

Puis, quand le jour luira, qui doit tout ranimer,
Les plantes et les âmes,
Il usera sur vous, sans rien faire germer,
Sa rosée et ses flammes.

Alors tout sous le ciel, tout sera réveillé ;
Toutes les autres branches
Lèveront au grand air leur ébène émaillé
Et leurs couronnes blanches ;

Et le soleil viendra peindre leur front charmant.
Leurs lèvres nuancées,
Et le vent les fera pencher languissamment
Comme des fiancées.

Les coteaux rougiront ; les sillons bigarrés
De fleurs et de verdure,
Tous les arbres des bois, tous les gazons des près
Seront dans leur parure.