Aller au contenu

Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.






II




Sur l’herbe encore humide et les cailloux d’argent,
Psyché pose au hasard ses pieds, et va songeant,
Et suit du souvenir la pente involontaire.
Les plaisirs de la nuit, ces terreurs, ce mystère,
Revivent à la fois dans son cœur retracés ;
Elle tremble et rougit à ses propres pensers.
La terre, ce matin, semble à ses yeux nouvelle,
Et, sur les flots penchée, elle s’y voit plus belle ;
Elle cherche avec crainte, avec ravissement,
Les vestiges sacrés de l’invisible amant.
Elle va regardant sous les eaux diaphanes,
Dans les creux de rochers couverts par les lianes,
Dans les touffes de fleurs, et dans l’ombre des bois,
En tout lieu d’où s’échappe un parfum, une voix ;
Et partout, du gazon, de l’eau, de la feuillée,
Une voix lui répond par la sienne éveillée.


PSYCHÉ.

« C’est bien la même terre, et le même printemps
Y verse un jour pareil aux mêmes habitants.
Entre les mêmes fleurs, le fleuve aux couleurs tendres.
De son mobile azur promène les méandres.