Les jardins ont la fauvette ;
Mais, ô lac, le doux poète
Et le cygne sont à toi !
Si je brise un jour mes chaînes,
Je veux m’enfuir vers les eaux ;
Mieux que les nids sur les chênes,
Mieux que les aires hautaines,
J’aime un nid dans les roseaux.
VIII
LA COUPE
Amis, le temps brumeux fait les songeurs moroses !
Tout exhale l’ennui, ce soir, même ces roses ;
Des yeux les plus aimés le sourire a pâli ;
Nos pensers de ce ciel ont pris la morne teinte…
Mais venez ! Dans le vin cherchons la verve éteinte,
Et la joie, et l’espoir, compagnons de l’oubli.
Une âme est dans le vin ! un dieu d’humeur charmante
Remplit de son esprit cette pourpre écumante ;
Lui-même a teint la grappe avec son doigt vermeil ;
Au feu de ses rayons toute ombre s’évapore ;
Le vin, c’est sa lumière et sa chaleur ; l’amphore
Cache en ses flancs obscurs des gouttes de soleil.