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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/287

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C’est bien lui ! cet esprit plein de mansuétude,
Parole qui charmait ma joie ou ma douleur,
À qui toute science arrivait sans étude,
Comme l’onde à la source et le miel à la fleur !

C’est lui ! Dans tous ses maux toujours paisible et grave,
Que j’ai tant vu souffrir sans se plaindre jamais !
Cet homme à la raison puissante, au cœur suave,
Mont de granit couvert de rieurs jusqu’au sommet !

C’est lui ! Pour vivre en nous s’oubliant à toute heure,
Lui qui prenait pour siens mes travaux, mes combats ;
C’est lui dont la pensée, onde supérieure,
Fertilisait la mienne, et ne tarissait pas !

De ces forêts vers moi je vous ai vu descendre
Ainsi qu’un blanc nuage, et glissant lentement ;
Le sol autour de vous s’éclaire d’un jour tendre,
De votre corps nouveau divin rayonnement.

Les plantes s’inclinant baisent vos pieds de neige ;
L’air est rempli d’oiseaux et de joyeuses voix ;
Les bois semblent marcher pour vous faire cortège ;
La nature vous rend votre amour d’autrefois.

Vous, calme et traversant son peuple qui s’assemble,
Vers moi sans lui parler vous voilà parvenu ;
Et, comme aux jours heureux où nous pensions ensemble,
Vous avez pris mon bras, cet appui si connu.

Et nous marchons tous deux en dominant la plaine
De mon pays natal, que je vantais souvent ;