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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/309

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Nul ne sait quel décret l’atteindra dans une heure,
S’il possède son champ, ses dieux et sa demeure,
Si, lancés avec art, des sourires menteurs
N’ont pas contre lui-même armé ses serviteurs,
Et s’il ne verra pas dans son pur gynécée
Un homme entrer sans ruse et la tête dressée.
C’est ainsi qu’Hippias se substitue aux dieux ;
Tous les faibles mortels sont égaux à ses yeux ;
Mais terrible surtout aux gens de bonne race,
S’il leur permet de vivre, il semble faire grâce.


LE CHŒUR.

N’accuse que nous seuls de la chute des lois !
Ose à ce peuple vain le dire à haute voix :
Lui seul il a forgé ce glaive.
Quand meurt la liberté sous le pied d’un vainqueur,
Le peuple a commencé le crime dans son cœur ;
Un tyran survient et l’achève.

L’œuvre du grand Solon, inspiré de Pallas,
Nos mépris l’ébranlaient, nous l’insultions, hélas !
Lorsqu’à paru cet homme avec sa sombre escorte ;
Quand, sous des noms menteurs, il s’arrogea nos droits,
O paisible Solon, issu de nos vieux rois,
Ta loi sainte était déjà morte !

Semblables par l’orgueil et les vils appétits,
J’ai vu les factions des grands et des petits
Lutter, se lancer l’anathème.
Le riche, épris de l’or, défendait ses plaisirs,