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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/31

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LES SOURCES.

« Les sources de la terre ont traversé les flancs,
Et les antres d’Éole, et les métaux brûlants,
Et creusé leur passage en des canaux de pierre,
Bien avant de jaillir et de voir la lumière.
Jusqu’au vaste Océan, avant de s’y plonger,
Par des détours sans fin, il leur faut voyager :
Ruisseaux, fleuves et lacs, fontaines, mers sans bornes,
Elles ont réfléchi bien des jours clairs ou mornes.
Neige ou pluie, elles ont visité les hauteurs,
Et monté jusqu’au ciel en subtiles vapeurs.
Des germes créateurs l’onde est le véhicule ;
Par elle toute sève et toute âme circule ;
Elle voit les vivants arriver par essaim,
Pour se purifier et boire dans son sein,
Mais de l’époux sacré, par qui l’onde palpite,
Aux sources, comme à toi, la vue est interdite ;
Tout esprit n’en connaît que ce qu’il en ressent :
Nous ne t’en dirons rien, sinon qu’il est puissant. »


CHŒUR INVISIBLE.

« Nous l’avons contemplé le dieu que tu réclames ;
C’est nous qui lui portons les prémices des âmes ;
La vierge qu’il choisit et qu’il doit visiter
Se pare sous nos mains et nous entend chanter.
Du lin et des parfums nous ornâmes la couche
Où le premier baiser se posa sur ta bouche.
Serviteurs de l’époux, nous gardons ses secrets ;
Nous ne lèverons pas le voile de ses traits.