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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/342

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Ils y firent germer une vaillante race
D’hommes forts, d’hommes fiers, libres et pleins d’audace,
Sachant se protéger et se passer de rois,
N’acceptant d’autre joug que le niveau des lois,
Et capables enfin, dans les heures suprêmes,
De lutter, comme Ajax, contre les dieux eux-mêmes.
Nous sommes de ceux-là ! mais notre sort vaut mieux :
Nous combattons un homme et nous servons les dieux.
Ils nous doivent leur aide et des armes certaines,
Quand nous revendiquons la liberté d’Athènes.
A pleines mains déjà, puisant à leur trésor,
L’amitié nous revêt de son armure d’or,
Et doublant nos vertus de sa force invincible,
Nous rend tout sort heureux et toute œuvre possible.
Ce qu’un courage seul eût trouvé hasardeux,
Sûrs du même destin, nous l’oserons tous deux.


LE CHŒUR.

La divine amitié, féconde en beaux exemples,
Fait les héros et les vainqueurs ;
Dans l’âme des vaillants elle choisit ses temples,
Et n’habite que les grands cœurs.

Les plus nobles exploits qu’ait adorés la Grèce.
Trésors conquis, monstres domptés,
Rois oppresseurs frappés d’une arme vengeresse,
Murs construits des hautes cités,

C’est ton œuvre, amitié ! tu prends dans une ville
Tous les plus beaux, tous les plus forts ;
Tu régnas sur Hercule ainsi que sur Achille ;
Aux enfers tu ravis les morts.