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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/349

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SCÈNE IX

ISMÈNE, HARMODIUS,
ARISTOGITON, LE CHŒUR,
SECOND CHŒUR.



ISMÈNE.

Frère ! en ce jour déjà si cruel pour ta sœur,
À quels pires tourments vas-tu livrer son cœur ?
Sous notre toit, à peine, à tes côtés rentrée,
Avais-je déposé la corbeille sacrée,
Et du voile de fête, en mon appartement,
Rejeté de mon front l’inutile ornement,
Je te croyais encor dans la chère demeure,
Et, comme je le fais chaque fois que je pleure,
Entre tes bras aimés, sous ton regard serein,
J’allais, déjà riante, oublier mon chagrin…
Tu n’es plus là ! j’apprends des serviteurs en larmes
Qu’une troupe d’amis, nombreux, cachant des armes
Dans l’ombre t’attendait ; que tu sors avec eux ;
Que vous marchez sans bruit et d’un air belliqueux.
J’ai tout compris !… Le cœur sent de loin sa ruine,
Et le danger d’un frère aisément se devine,
Va ! je sais à quelle œuvre, à quelle mort tu cours !