Aller au contenu

Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous venez de payer un stérile attentat ;
Et pour longtemps voués, peut-être, aux tyrannies,
Vous avez déchaîné les noires Érynnies.
Croyez-vous qu’Hippias vous pardonne aisément,
Qu’un frère assassiné le rende plus clément ?
Tremblez que la vengeance au sang ne l’habitue !
On fait des meurtriers chaque fois que l’on tue.
Toujours le sang qu’on verse est payé par du sang ;
Les fureurs des partis vont toujours grandissant.
Tant que Zeus, clairvoyant, et terrible au coupable.
Habitera, là-haut, son trône inébranlable,
Cette loi régnera, frappera chaque jour,
Qui veut que l’agresseur soit victime à son tour.
Tel est le sort ; tel fut l’arrêt des destinées
Sur ces races de rois au meurtre condamnées.
Maintenant que, par vous, sur la pale cité.
Un premier meurtre étend cette fatalité,
Parmi les citoyens comment finira-t-elle,
Cette loi de vengeance et de haine mortelle !
Quel dieu, nous ramenant à des instincts plus doux,
Chassera Némésis, introduite chez nous ?


ISMÈNE.

Ô mort, aveugle mort, pourquoi t’es-tu trompée ?
Au lieu d’Harmodius, que ne m’as-tu frappée ?
Il eût versé les pleurs que je verse aujourd’hui,
Mais il aurait pu vivre, et moi je meurs sans lui.


LE CHŒUR.

Montre-toi digne sœur de celui que tu pleures,
Sage Ismène, et survis à ces fatales heures ;