Aller au contenu

Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un autre étanchera le sang noir qui le souille ;
Fuis ces lieux menacés d’un combat imminent.


ISMÈNE.

Vieillards, où voulez-vous que j’aille maintenant ?


LE CHŒUR.

Rentre dans ta maison, je t’y conduis, ma fille.


ISMÈNE.

Je n’ai plus de maison, je n’ai plus de famille.
Les dieux, en me prenant mon dernier défenseur,
A mourir près du frère ont condamné la sœur.


LE CHŒUR.

Les dieux n’ordonnent pas qu’on attente à sa vie. *


ISMÈNE.

J’attendrai que la mienne, ici, me soit ravie ;
Je mourrai sur son corps sans le quitter d’un pas :
Ceux qui l’ont égorgé ne m’épargneront pas.


LE CHŒUR.

J’honore tes vertus et cet amour si tendre.
Vierge, ton sort m’émeut, je saurai te défendre.


ISMÈNE.

Je te crois : j’éprouvai la bonté de ton cœur ;
Mais du sombre Hippias resteras-tu vainqueur ?
Penses-tu qu’il m’épargne et néglige de faire
L’offrande de mon sang aux mânes de son frère ?