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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/372

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En faveur de ses nefs et de ses matelots,
Apportant les tributs des nations lointaines ;

Que les blés et la vigne, autour des oliviers,
Germent à pleins sillons sous des soleils propices ;
Que les troupeaux, orgueil des robustes bouviers,
Croissent pour ses festins et pour ses sacrifices ;

Que nul souffle empesté ne brûle ses guérets,
N’y boive l’eau des puits et le lait des mamelles,
N’y tarisse le miel, la sève des forêts,
N’y dessèche les flancs des fécondes femelles ;

Que les blanches brebis, paissant sur les sommets,
Enrichissent d’agneaux les campagnes prospères ;
Que les venins cachés épargnent à jamais
La santé des enfants, la sagesse des pères.

Car j’aime les humains comme un bon jardinier
Chérit les fleurs qu’il sème et les arbres qu’il plante ;
Je fais durer le juste et sa race vaillante ;
J’abrite des vents froids le bourgeon printanier.

Eloignez-vous, fléaux qui tuez avant l’heure !
Je veux que chaque vierge et son robuste amant
Des douceurs de l’hymen jouissent longuement,
Et que la volupté féconde leur demeure.

Oui, je t’aime entre tous, ô peuple athénien !
Je bannis de tes murs la haine et la discorde ;
Je veux que l’on s’entr’aide, et que le citoyen
Garde à l’étranger même une miséricorde ;