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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/41

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ÉROS

« Tu pleures ; tu me fuis et reviens tour à tour !
Ce cœur bat, ô Psyché ! mais ce n’est pas d’amour.
En des bonds inégaux ton sein monte et s’abaisse ;
H semble s’agiter sous un poids qui l’oppresse.
Ma lèvre étouffe en vain tes soupirs renaissants ;
Une crainte, un désir, se disputent tes sens.
Que veux-tu ? N’as-tu pas une royauté douce ?
Tu vois dans les forêts sur ton trône de mousse,
Les vivants saluer ta grâce et t’adorer.
Les perles et les fleurs s’offrent pour te parer ;
À la terre qui t’aime, et qui t’appartient toute,
Aux charmes de mon lit que faut-il que j’ajoute ? »


PSYCHÉ

« Oh ! vous ne m’aimez pas, et la triste Psyché
N’est pour vous qu’un jouet par instant recherché.
Pourquoi, me dérobant votre aspect que j’implore,
Venir avec la nuit, partir avec l’aurore,
Et ne laisser jamais les rayons d’un beau jour
Illuminer pour moi ce lit de notre amour ?
Le jour va caresser les grillons dans la gerbe,
Mille insectes unis sous la mousse et sous l’herbe.
Les oiseaux et les fleurs s’aiment en plein soleil :
Le soir sur chaque nid pose un flambeau vermeil
Vous seul gardez, malgré mes plaintes échappées,
Nos furtives amours, dans l’ombre enveloppées. »