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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/63

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III




Assis dans la splendeur au faîte de sa tour,
Ce soir, le roi disait : « Cent peuples, tout le jour,
Ont travaillé là-bas pour ma ville superbe ;
D’ici je les vois tels que des fourmis dans l’herbe.
Cent peuples de vaincus, par mon glaive épargnés,
Là-bas courbent leurs fronts par la sueur baignés.
Les pierres, le ciment, les briques s’amoncellent ;
Sur les murs des palais, les marbres étincellent.
Des fleuves suspendus amènent leurs flots clairs
Aux fleurs de mes jardins élevés dans les airs.
Trois rochers de granit de leur cime abattue
Forment un piédestal pour l’or de ma statue.
C’est bien. Je veux qu’on donne aux immenses troupeaux
Des captifs haletants cette nuit de repos ;
Dans les flancs creux des monts, leur asile nocturne,
Je verrai s’enfoncer ce peuple taciturne. »


LES ESCLAVES.

« Voici la nuit propice à l’esclave, la nuit
Douce au corps fatigué, douce à l’homme qui fuit :