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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/85

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Et la race d’Hercule en qui le fier accent
Du héros dorien survit avec son sang.
Après les grands taureaux offerts en hécatombes,
Et les vins répandus en mémoire des tombes,
Après le disque et l’arc par le dieu protégés,
Les lutteurs frottés d’huile et les coureurs légers ;
Après le javelot, le pancrace et le ceste,
Et les divers combats d’origine céleste ;
Sur les chanteurs rivaux tour à tour entendus,
Longtemps les yeux des Grecs restèrent suspendus.
Ils remplissaient leurs cœurs du chant aux flots sonores
Comme aux torrents sacrés l’argile des amphores.
La lyre avait parlé sous les doigts du vieillard.
Après lui, déployant les récits avec art,
Les autres avaient vu leurs fraîches mélodies
Par le peuple joyeux dans l’arène applaudies,
Quand Psyché vers l’autel à la fin s’avança,
Et c’est par Apollon que l’hymne commença.

Elle chanta Délos, le palmier de Latone ;
Les premiers cris du dieu dont l’Olympe s’étonne ;
Il demande sa lyre, et son arc, et son char ;
Sa bouche au lieu de lait boit déjà le nectar,
Et ses langes rompus laissent ses pieds rapides
Commencer en naissant leurs courses intrépides.
Aux chants phocidiens Python meurt sous ses traits ;
Par lui de l’avenir Delphes sait les secrets ;
Il traverse en un jour et la Grèce et ses îles,
Les sillons sous ses pas nous deviennent fertiles.
Il est le roi léger des chars et des coureurs ;
Ses pieds sans les courber se posent sur les fleurs.
Le vent de ses coursiers balaie au loin la neige ;
Les Heures, les Saisons forment son beau cortège.