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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/89

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Mais elle : « O Grecs divins, à ce vieillard auguste
Le laurier d’Apollon serait un don plus juste. »
Et marchant vers l’aveugle : « Oh ! si tu n’es pas dieu,
Et si tu n’as pas droit à nos autels en feu,
Laisse : que pour ton chant, inspiré des Charités,
Je te rende, ô vieillard ! le prix que tu mérites. »
Et le laurier orna l’aveugle aux cheveux blancs.
Et le peuple admirait.

La chanteuse à pas lents

 S’éloigne, et, près des eaux de l’antique Telphuse,
Grande, et de blanc vêtue, et semblable à la Muse,
Sous les cyprès touffus s’enfonçant par degrés,
On la voit disparaître au sein des bois sacrés.


PSYCHÉ

« Où se cache l’époux ? J’ai vu toute la Grèce,
Les promontoires d’or qu’un flot d’azur caresse,
Et les coteaux mûris par ce soleil divin
Oui parfume l’olive et le miel et le vin ;
Les bois de Thessalie, et les rives du fleuve
Où des chevaux guerriers le noir troupeau s’abreuve ;
J’ai vu les mille dieux sur cette terre épars ;
Les temples sur les monts assis de toutes parts.
Et, pour y découvrir mon idole secrète,
J’ai suivi chacun d’eux au fond de sa retraite.

« Je connais leurs forêts, leurs antres merveilleux.
J’ai vu les dieux errant dans l’ombre épaisse, et ceux
Qui couchés gravement au sommet des montagnes,
La tête dans leurs main, regardent les campagnes