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Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/120

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Ils se tutoyaient.

— Au fond, disait l’académicien, à une de leurs récentes rencontres, tu es le dernier moine d’Occident, pour parler comme M. de Montalembert… Est-ce que cela ne te trouble pas un peu, mon cher Santeuil ?

« Tu veux ramener la civilisation là où elle a commencé, et tu fais un rêve de communauté mondiale qui m’épouvante. Ne souris pas… le libéral, c’est moi… Écoute, Jacques, tu es un ascète, tu as tout refusé et regarde-toi… Tu as réduit ta vie au minimum, tu existes à peine, sans besoins, sans égoïsme, presque immatériel et irréel… Tu sais bien que j’ai raison, et j’admets parfaitement ta règle pour les gens de ton ordre ; tu es un saint ; mais les autres, la foule, les millions et les millions… S’ils savaient où tu les conduis, ils se sauveraient et tu demeurerais seul… Choisis un jour qui te conviendra et