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Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/197

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posé, dans un brusque élan, ses lèvres sur la joue du Ministre touché jusqu’aux larmes par ce geste amical.

Il regarda le Courrier.

C’était un de ces petits journaux qui s’imprimaient depuis deux siècles dans une vieille rue en pente, derrière l’église ou la sous-préfecture, en province. Le Courrier était d’intérêt local et il faisait songer aux chemins vicinaux, étroits et bordés d’églantiers.

Il ne paraissait que le samedi. C’était la feuille de chou, la gazette rustique, et si les grands confrères de ce modeste journal étaient d’importants messieurs, descendant d’une voiture étincelante de vernis et de nickels devant un magnifique immeuble de Paris, de Londres ou de New-York, lui était un sage campagnard. Il allait à pied, comme l’instituteur et l’agent-voyer cantonal, en veste d’alpaga, en souliers jaunes, avec un canotier de paille qu’il ne rem-