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Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/75

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voyais de monumentales ruines sous une aube rouge pleine de promesses magnifiques. Je parle au passé, car, à présent…

Il se tut pendant quelques secondes.

— À présent, reprit-il, c’est moins théâtral et plus tragique. Jadis, un bon général, des légions disciplinées et solides auraient pu s’opposer à ce flot, briser ce torrent, mais, aujourd’hui, les Barbares ne viennent pas du dehors, ils sont partout, ils portent nos lettres, fabriquent notre pain, bâtissent des palaces, ressemellent nos souliers, et il n’y a pas une heure qu’ils nous retiraient la lumière et coupaient l’électricité… Je ne peux pas avoir peur, puisque je suis seul, mais tout cela m’importune et je m’en vais, je ne manque pas de courage, mais je ne suis qu’un artiste, un de ceux que Platon chassait de la République, couronnés de roses… voilà.