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Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/78

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notre vie, vous avec du passé, moi avec de la littérature. J’ai été très épris d’une jeune fille qui habitait Ville-d’Avray, eh bien ! en sa compagnie, j’évoquais le père Corot. Il était entre nous deux avec son attirail de peintre et sa pipe, et il me semblait que c’était lui qui réglait les lumières de perle du crépuscule sur les lisières. Il y a toujours eu, entre le monde et nous, un bonhomme de cette espèce, un vieux mort illustre qui nous a tyrannisés… Tenez, madame, ce matin, j’ai vu un type que j’ai sincèrement envié. Il était onze heures, l’instant qui sent le dentifrice, la cigarette, le porto et le bonheur, et un garçon d’une trentaine d’années qui sortait pour la première fois certainement une splendide automobile qu’il venait d’acheter, au haut des Champs-Élysées, guidait sa machine étincelante de vernis glacés et de nickels. Il était nu-tête ; ses cheveux noirs, lisses, comme