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Page:Larguier - L'an mille, 1937.djvu/97

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pre impériale après tant d’épreuves, d’angoisses et d’humbles soucis. Elle n’osait peut-être pas… Le maître était là-bas, de l’autre côté de la Seine, dans son palais, et il lui semblait, à cette heure de la nuit que, derrière son fauteuil, se tenaient debout, immobiles et pâles toutes ses victoires, celles d’Égypte et d’Italie avec leurs tresses brunes, celles qui étaient venues à lui de tous les coins de tous les champs de bataille d’Europe, en robes rouges, en voiles d’argent, et, ainsi que des déesses, leurs belles têtes ceintes d’un laurier d’or !… Quel rêve prodigieux ! Elle avait peine à y croire. Elle pressentait confusément que cela ne durerait pas ; alors, dans le tiroir de ces meubles auxquels nous nous appuyons elle cachait de l’argent, des pièces à l’effigie du César qui était son enfant. Elle économisait, vieille paysanne prudente, malgré les gronderies de Napoléon. Elle