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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/143

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que Dunel l’aperçût. Il était si occupé de sa chère bien-aimée, qu’il ne voyait qu’elle. Il fut d’une amabilité charmante, parla de son impatience, de ses craintes de voir Mlle de Cournon le repousser, et cela d’une voix si pénétrante et si troublée, qu’il n’était pas possible de croire qu’il ne disait pas vrai. Lydie rentra dans la salle à manger, demanda la permission de s’absenter ; elle revint promptement à sa chambre.

— Mademoiselle, dit Violette, l’aimez-vous trop déjà pour renoncer à lui ?

— Pourquoi renoncer à lui ?

— Vous l’aimez ! et je crois que ce que je vais vous dire ne vous servira point. Ma chère demoiselle, n’épousez point cet homme, il ne peut vous comprendre et vous rendra malheureuse.

— Pourquoi donc ? Il m’aime.

— Non, je ne le crois pas.

— Vous pensez donc qu’il n’est point de bonne foi ?

— Je ne dis pas cela.

— Alors je ne vous comprends pas.

— Sans doute et j’aurai de la peine à m’expliquer. Je vais essayer. Quand j’étais au magasin, je fus aimée par un pauvre garçon qui voulait m’épouser. Il m’était indifférent, mais je voyais dans ses yeux tant d’amour et de douleur qu’il me faisait pitié et que j’aurais voulu l’aimer. Celui-là me chérissait avec son âme. Il y en