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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/166

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— Je ne crois pas. Je voudrais que tous les gens sensés pensassent comme lui.

— Je vais en être jaloux, dit Dunel en riant.

Ils rentrèrent pour dîner ; la jeune femme était dominée par le souvenir de sa rencontre, elle ne pouvait croire que l’homme qu’elle avait vu fût privé de raison. Elle voulut éclaircir ce doute. En sortant de table, elle interrogea le docteur, qui lui dit qu’en effet, le jeune homme était atteint d’une de ces aliénations mentales qui ne sont point à craindre pour les autres et dont la douceur permet aux malades d’être libres.

— Je le connais depuis longtemps, ajouta-t-il. Une fois je l’ai rapproché de celle qu’il aimait ; à peine était-il pardonné, qu’il s’est perdu de nouveau. À cette époque déjà son esprit n’était pas sain. Nos Méridionaux sont très exaltés et sujets à ces sortes de maladies. Depuis longtemps sa raison et sa santé s’altèrent chaque jour de plus en plus. Maintenant tout est fini pour lui et je crois que lorsque nos Parisiens quitteront les Pyrennées, il s’en ira dans le petit cimetière près du château de sa mère, sous un immense saule qu’il a choisi pour avoir, dit-il, de l’ombre sur son tombeau.

— N’est-il aucun moyen de le sauver ? dit madame Dunel.

— Aucun. D’ailleurs il attend la mort et la désire. S’il se croyait guérissable il se tuerait. On fit demander