Aller au contenu

Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— En effet.

— Mon amie est bien mariée. Il ne m’en faut pas davantage. Je vivrais cinquante ans encore que ma situation et mes dispositions d’esprit ne changeraient pas, car mon histoire est finie et le livre en est fermé. Ainsi nous ne parlerons jamais de moi, n’est-ce pas ? ce serait trop ennuyeux ; nous causerons de vous. Je veux vivre de votre vie, vous me raconterez vos sensations, jusqu’à vos moindres pensées ; ne me refusez pas, j’ai compté là dessus.

— Vous m’effrayez : si vous souffrez, je veux partager vos douleurs.

— Je ne souffre pas du tout ; mais en supposant que j’eusse une peine, que gagnerais-je à vous la confier ? Je vous affligerais, et ce serait un chagrin de plus pour moi puisque nous ne faisons qu’un.

— Que je vous plains de vivre avec un homme que vous n’aimez point !

— Eh bien ! cela n’est pas si difficile que vous le croyez. Quand une idée sombre me vient, je mange des bonbons, c’est un remède excellent ; si l’idée résiste, je m’achète une robe ; si cela ne suffit pas, je vais jusqu’aux bijoux, et tout est dit. Quand l’ennui me gagne, je vais au spectacle. Là, je vois des lorgnettes se tourner de mon côté, on me regarde, on parle, on me regarde encore. Je crois qu’on me trouve excessivement jolie. Je