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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/199

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— Voyez-vous, il y a des femmes qui ne considèrent l’amour que comme un poème. Que diable ! c’est bien une réalité. J’avais trouvé Mlle de Cournon naïve et charmante avec ses yeux innocents, et je m’étais dit qu’elle deviendrait une femme délicieuse. Eh bien ! Mme Dunel est et sera toujours Mlle de Cournon. C’est une sainte et aimable femme, mais voilà tout.

— Et vous vous plaignez ?

— Non pas, je suis enchanté de l’avoir épousée, car je suis certain qu’il n’existe pas de femme plus vertueuse. Je suis heureux de la savoir à mon foyer ; mais, un homme ne peut passer toute sa vie à genoux devant une madone. Mme Dunel m’embrasse au front et me dit : « Je vous aime, » d’une voix douce et tranquille, comme elle l’entendait dire par les sœurs qui priaient leur divin époux ; mais moi, je ne suis ni un Dieu ni un saint, je suis un homme. Depuis plus de six mois je ne vis point, je suis au régime comme un malade, je me porte trop bien, enfin j’ai besoin de vivre plus à la fois. Depuis six mois je me contiens et je sens que je vais éclater. Mme Dunel est très délicate, moi j’ai une poitrine de fer, et je crains parfois de renverser ma femme en respirant. D’abord cette situation m’a plû beaucoup, je la croyais provisoire, ensuite l’ennui m’a pris, et puisque le mot en est lâché, mon cher, je m’ennuie depuis deux mois. Si je persistais dans cette