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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/202

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point la duchesse et ne savez pas le genre qu’elle a pris ; depuis quelques jours, elle sait tout ce que je fais et même tout ce que je pense.

— Ce n’est pas possible.

— Je sors ; je dis à ma femme que je vais chez M. de Bernon ou bien chez un autre, il faut bien dire quelque chose. Alors elle me répond, sans s’émouvoir, ceci par exemple : « Vous vous trompez, je crois, M. de Bernon demeure rue de Taranne, 25, et vous allez ce soir, 2, rue des Mathurins, au premier, la porte à gauche. » C’est l’adresse d’Anna.

— En vérité, dit Dunel en riant.

— C’est renversant ! Je prends une figure innocente, je n’ai pas l’air de comprendre, elle plaisante, je veux me fâcher, elle me rit au nez : cela me démonte, cela m’irrite. La première fois, j’étais si surpris et si furieux que, pour n’en avoir pas le démenti, j’ai été chez un ami. Le lendemain, ne m’a-t-elle pas dit d’un air narquois : « Vous avez donc changé d’idée hier au soir ? »

— Alors, elle vous fait suivre ? elle vous espionne ?

— Pas du tout ! Aucun domestique n’est dans sa confidence, personne ne me suit et elle sait tout.

— C’est inouï !

— C’est insupportable, au point que pendant huit jours d’impatience, de fureur, de rage, je n’ai pas bougé.