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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/252

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— Non.

— Vous avez raison ; mais les ménages comme le vôtre sont rares, et souvent on doute des exceptions. Or, le doute serait une injure pour votre époux.

— Je ne douterai jamais de lui.

— Je le crois, et c’est pourquoi je vais vous initier à des secrets qui eussent été dangereux pour vous, si vous n’eussiez pas eu l’expérience de votre bonheur.

— Tu n’es pas heureuse ! Je le savais bien, moi, le cœur ne nous trompe jamais.

— Pardon, la société, ma chère, est une immense machine qui fait mouvoir le monde ; quand notre destinée nous jette dans cette machine, nous nous croyons forts, nous luttons avec nos illusions, notre jeunesse, nos amours et notre foi. Nous nous fatiguons en vain ; la machine finit toujours par nous broyer et nous jeter de côté, comme une masse inerte. Alors, nous n’avons plus de pieds ni de mains pour agir, plus d’esprit pour penser. Nous regardons avec envie les oiseaux qui volent et les bohémiens qui passent ; ceux-là seuls sont vraiment heureux, ils sont libres ! Quand on est en prison, on joue avec les araignées et l’on admire un coin de ciel bleu qu’on voit entre ses barreaux. Moi, je joue avec mes bijoux, mes robes, mes millions, et je vous aime, vous, mon coin de ciel bleu. Vous voyez bien que je ne suis pas malheureuse.