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Page:Laroche - Fould - L Enfer des femmes.pdf/280

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dès qu’elle n’avait plus de foi. Pendant un moment elle leva les yeux comme pour s’en aller du regard au ciel. Les aberrations et les mensonges qui se rencontrent dans le monde paraissaient déjà dans son esprit comme les souvenirs d’une vie passée. Une minute après, elle descendit de voiture, se précipita dans la maison et monta chez elle d’un pas hardi, si promptement que Pierre eut peine à la suivre. Jamais elle n’avait paru si forte. Elle ne reconnaissait plus cette maison, cet escalier ; tout était changé, tout lui paraissait affreux ; elle y rentrait avec répugnance. Arrivée dans son appartement, elle vint jusqu’au milieu de sa chambre et s’affaissa sur elle-même comme des vêtements vides qui tombent à terre. Un torrent de larmes s’échappa de ses yeux. Ce n’était point de chagrin qu’elle pleurait, mais par suite d’un ébranlement général du système nerveux, car elle n’avait pas encore la possibilité de penser.

Pendant plus de deux heures, Lydie resta dans la même position, pleurant sans avoir la conscience de l’état dans lequel elle se trouvait et du malheur qui l’avait frappée, puis elle se remit peu à peu ; plus la connaissance lui revenait, plus elle ressentait vivement sa douleur. Ses yeux, distinguant les objets qui l’entouraient, s’arrêtaient sur chacun d’eux avec des angoisses indéfinissables. Elle croyait voir les murs et les tentures pleurer avec elle. Tous les souvenirs torturaient son